L'auteur de cet ouvrage étudie le phénomène des mutilations sexuelles féminines à travers les âges et les peuples qui les pratiquent de nos jours. Elle décrit les différentes méthodes utilisées (excision et infibulation entre autres) et leurs conséquences.Une des principales fonctions de ces mutilations est de "créer des femmes". La socialisation féminine et la construction de l'identité de genre sont donc au coeur de sa recherche.Cette obligation de socialisation s'appuierait sur une misogynie universelle (le sexe féminin serait impur et indéfini) et la domination masculine qui l'accompagne.Dès lors la phrase de Simone de Beauvoir "On ne naît pas femme on le devient" révèle ici toute sa portée : la nature ne suffit pas il faut la recréer et lui donner un sens ce qui permet l'intégration au groupe pour notamment prétendre au mariage.Ainsi la culture s'empare du corps des femmes devenu vecteur de socialisation pour l'assigner physiquement et symboliquement ; cette emprise culturelle cherche à ôter toute masculinité aux femmes et à pousser au paroxysme les "ingrédients" de la féminité. En effet la bisexualité et l'androgynie supposées par la présence du clitoris sont perçues comme des "entre-deux" insupportables et des figures de chaos.Bien que durant ces trente dernières années la lutte contre l'excision se soit intensifiée par des campagnes de sensibilisation la promulgation de chartes et la signature de conventions la pratique perdure dans des proportions considérables.Natacha Carbonne a travaillé à partir d'entretiens et d'enquêtes qu'elle a menés en Afrique et particulièrement au Mali. S'appuyant sur une abondante documentation dont des archives d'ONG en lutte contre cette pratique l'auteur expose les raisons invoquées par les principaux concernés (purifier socialiser définir une identité) mais aussi les buts recherchés (dominer fidéliser déchoir) et les conséquences autant physiques que psychologiques de ces pratiques sur les femmes.