On a peine à le croire mais c'est la réalité: jusqu'aux débuts de la Renaissance aucun comptable ou commerçant de chez nous ne pouvait effectuer une addition par écrit; tout simplement parce qu'il ne disposait que des chiffres romains et que ceux-ci ne se prêtent pas au calcul écrit. Il devait s'installer à une table de compte et y représenter ses montants par des jetons qu'il déplaçait sur des lignes ou dans des colonnes. Ce qui a tout changé c'est l'arrivée des chiffres arabes. Car eux permettent le calcul écrit. Et pas seulement l'addition mais tout ce que nous entendons par calcul élémentaire. La transition a pris des dizaines d'années amorcée ici et là par un auteur courageux désireux de faire connaître le nouveau calcul. Et devenu ainsi dans sa langue et dans son pays un père du calcul écrit. C'est aux plus marquants de ces auteurs que l'on rend ici hommage dans un livre qui veut être agréable comme une promenade: on y expose brièvement leur vie et l'on y commente pour chacun d'eux cinq problèmes très simples tirés de l'ouvrage par lequel il a ouvert la voie. C'est l'occasion d'évoquer au passage un travers moderne le syndrome du rétroviseur qui brouille parfois l'image qu'on se fait du calcul écrit à ses débuts.