Les désaccords philosophiques dont l'idée de liberté fait constamment l'objet ne font-ils pas signe au-delà des querelles métaphysiques vers la dynamique réelle de la liberté - et indissociablement de son idée - dans ses productions socio-historiques et par conséquent jusque dans ses négations ?Cet essai propose un travail généalogique autour du mot "liberté" : les significations successivement attribuées à ce concept sont essentiellement reliées à des expériences d'aliénation dont elles constituent des projections en positif idéalisées. Articulant histoire de la philosophie et philosophie sociale Peggy Avez explore plusieurs configurations - la peur de l'exil dans l'Antiquité la conception chrétienne de l'homme endetté la crainte asservissante d'autrui pour les modernes et la peur contemporaine de l'objectivation unilatérale - chacune forgeant des significations de la liberté comme autochtonie rédemption sécurité et réinsertion du sens.De la "dialectique négative" de l'idée de liberté - ce dont les idéaux de liberté veulent émanciper l'homme constitue ce qui le conduit à s'aliéner - à la dialectique de la praxis - dans laquelle l'idée de liberté devient mythe et mobilise des mécanismes psychologiques à la faveur desquels l'aspiration à l'émancipation se mue en désir d'adaptation et d'obéissance - l'auteure suit comme fil directeur l'histoire de la philosophie qui fournit des éléments fondamentaux non seulement pour réveiller les sens du terme "liberté" confusément sédimentés dans notre usage discursif mais aussi pour comprendre le rôle essentiel de l'idée de liberté dans l'imaginaire social.Préface de Pierre Macherey