Se promener le long d'une plage ; heurter une bouteille jetée à la mer par un inconnu il y a près de cinquante ans ; l'ouvrir piqué par la curiosité ; se croire au départ le simple passeur d'une histoire qui n'est pas la sienne ; puis se laisser gagner par la lecture de cet ouvrage inédit ; mener des recherches pour comprendre : voilà mon histoire.Cette bouteille que je n'ai pas eu le courage de rejeter ce sont deux gros volumes verts cousus main dont j'apprends fortuitement l'existence par un courrier le 22 décembre 2001. Retrouvées dans le grenier d'un pasteur du sud-est de la France ces cinq cents pages écrites en castillan resurgissent après cinquante ans d'oubli. Elles s'avèrent être l'un des premiers témoignages capital du système concentrationnaire franquiste.Sans le vouloir je suis happé par le mystère de cette présence du passé qui est mémoire. Qui est l'auteur ? Quelle est l'histoire de ce manuscrit ? Par quel étrange chemin s'est-il retrouvé sur mon bureau ? Que raconte ce récit qui s'affiche comme un roman historique ? Que puis-je en faire en historien ? Pendant dix ans je mène une enquête décousue pleine de pièges et de rebondissements. Unique lecteur de cette oeuvre oubliée je comprends bientôt que malgré moi je fais partie de cette histoire. Mais alors comment la raconter sans remettre en question ce que je croyais savoir de mon métier d'historien ? Histoire d'une enquête où l'enquêteur devient l'enquêté.