À l'instar d'une idole sacrée l'État est à la fois vénéré et abhorré. Certains voient en lui la part divine de l'homme et le célèbrent comme le remède à tous les vices et à tous les maux. Pour d'autres il est une structure d'oppression issue de l'aliénation des volontés et doit être combattu comme le principal responsable de la servitude et de la misère humaines. La virulence des jugements qu'il inspire est paradoxale. Épicentre de la vie politique moderne il n'est pas un simple organe parasitaire que l'on pourrait supprimer d'un trait. Prêt à sacrifier ses sujets lorsque ses intérêts propres sont en jeu il n'est pas non plus cette providence de l'homme à laquelle il faudrait vouer une confiance aveugle. S'il assume en principe le monopole de la violence légitime ainsi que les fonctions sécuritaire législative exécutive et judiciaire il lui arrive d'agir contre l'intérêt général. Penser l'État c'est en somme questionner sa nature ambiguë pour connaître sa vocation et les pouvoirs que la société doit - ou non - lui attribuer. Cette anthologie rassemble les plus grands textes sur l'État de Platon à Rawls en passant par Aristote Hobbes Spinoza Locke Montesquieu Rousseau Kant Hegel Tocqueville Mill Engels Max Weber ou encore Simone Weil.