Les structures inégalitaires de l'ordre social rangent certains individus dans des catégories infériorisées (femme gay noir etc.). L'appartenance à l'une de ces catégories produit un type spécifique de psychisme et de rapport au monde. Prenant pour fil conducteur les écrits de Genêt mais aussi ceux de Proust Green Jouhandeau Fanon et bien d'autres Didier Éribon décrit ce que produit dans la conscience et dans l'inconscient le fait d'être insulté stigmatisé voué à l'«abjection». Il élabore une analyse historique et sociologique de la subjectivité minoritaire qui place en son centre l'un des affects les plus puissants de la vie sociale : la honte. Comment la honte est-elle inscrite dans le corps des individus différents ? Comment ceux-ci se réinventent-ils à partir de l'exclusion qui les a façonnés et deviennent-ils par l'affirmation de ce qu'ils sont les producteurs de nouvelles subjectivités ? En soulevant ces questions Didier Éribon récuse la conception psychanalytique du sujet et lui oppose une politique de décolonisation des esprits.