On connaît la saga des Atrides. Pour venger le sacrifice de sa fille Iphigénie Clytemnestre a ordonné le meurtre de son mari Agamemnon et provoqué en retour la rage de son fils Oreste qui n'a plus qu'un but : réhabiliter le père. Oreste pose la question moderne : l'enfant peut-il ne pas en vouloir inconsciemment à une mère qui renie en lui la part de celui qui l'a engendré ? Combien d'Oreste combien d'Électre pleurent après un père qu'ils ont perdu au bénéfice de la mère ? Christiane Olivier tire la sonnette d'alarme : les «nouveaux pères» sont un mythe. La réalité n'est pas ce que nous montrent les publicitaires pour couches-culottes : si quelques hommes se sentent concernés par la paternité la plupart des femmes gardent sur l'enfant un pouvoir incontesté et qui se vérifie chaque jour en cas de séparation. Rien dans notre histoire ni dans notre culture ne préparait le père à assurer son rôle «paternant». Aujourd'hui malgré des rapports familiaux démocratisés il n'a que rarement le temps de cultiver l'intimité avec son enfant laissant à la femme le soin d'organiser sa garde son éducation et la reconnaissance d'un père qui n'est pas là. Pourtant tout enfant mérite un père et l'homme n'a pas à être l'éternel absent de la cellule familiale. L'enjeu est de taille : de patriarcale notre société pourrait bien devenir définitivement matricentrée au risque de conforter les uns dans leur misogynie et les autres dans leur insécurité...