Tout le monde croit connaître Catherine Clément. Chacun est capable d'évoquer à son sujet sa passion pour l'Inde ses romans philosophiques ses années d'enseignement et de journalisme ses missions aux Affaires étrangères qui l'ont menée avec son compagnon ambassadeur aussi bien à Vienne et à Delhi qu'à la découverte de l'Afrique sa fréquentation des sphères de la psychanalyse mais cet inventaire paraît déjà aussi désordonné qu'incertain aussi sommaire que réducteur. En vérité personne ne connaît Catherine Clément. Voilà ce qui apparaît d'emblée à la lecture de ses mémoires. À travers ses rares récits autobiographiques ses lecteurs ont approché son enfance de petite fille juive française mais jamais Catherine Clément avant la publication de ce livre n'avait dévoilé tant de secrets de souvenirs enfouis de mystères jamais élucidés. De sa complicité fraternelle aux amitiés éternelles on la découvre jeune enseignante engagée au parti communiste ou proche de certains politiques parmi lesquels deux présidents Jacques Chirac et François Mitterrand. On lira avec une émotion très particulière les portraits qu'elle trace de ses grands maîtres Jankélévitch Lacan Lévi-Strauss ou ceux de personnages tels que Roland Barthes ou Jean-Paul Sartre. Au final on n'obtiendrait que le parcours hors norme d'une intellectuelle si ce livre de mémoires d'une femme de soixante-dix ans n'était pas avant tout par son écriture sa liberté ses incorrections ses indiscrétions son humour sa tendresse et son absence totale de complaisance la vie même.