Ce qui fut la thèse dite « secondaire » dans le langage universitaire de l’époque (1926) devient un livre primordial. Qui donc lors de ses études malebranchistes ne l’a pas utilisé consulté commenté? C’était une autre façon de philosopher : aborder un auteur par ses réflexions initiales. Une œuvre s’expliquait autrement que par son « système »; elle avait certes des structure mais aussi une génèse. Disons que toute grande œuvre a une jeunesse puisque c’est bien là ce dont il s’agit dans l’étude de cette formation oratorienne. Le concept architectonique de rencontre est illustré par celle du Traité de l’homme de Descartes rélévant à Malebranche – alors que rien dans sa formation oratorienne ne l’y prédisposait – qu’un accord est possible entre la spiritualité augustinienne et les principes cartésiens. Cette mise en accord caractérise les réflexions du jeune Malebranche sur les « causes qui donnent occasion » et conduisent directement à Dieu. Il importait donc pour lui de prendre sa place sans qu’elle lui soit assignée : d’où les difficultés rencontrées entre les héritiers immédiats de Descartes et les commentateurs de l’Augustinus. Mais et ce fut le thème majeur de cette époque comment qualifier ces écrits naissants sinon de « philosophie chrétienne »? Et si cette catégorie historique est concevable qu’y devient le rapport entre la raison et la foi? Comment la théologie peut-elle y inscrire sa place? Telle devenait la question principale.