Aujourd’hui comme hier les relations entre la loi humaine et la loi divine entre le fondement sacré de l’autorité et l’organisation temporelle de la cité ne cessent de soulever des questions nombreuses et brûlantes. Le religieux et le politique sont-ils deux espaces autonomes séparés ou bien est-il inévitable qu’ils se chevauchent au risque soit de l’annexion de l’un par l’autre soit de la lutte ouverte entre les deux? Sur ces questions de toujours le Moyen Âge non seulement occidental mais aussi byzantin et musulman a fourni une contribution étonnamment diverse et féconde dont ce volume ambitionne d’être le reflet. Lecteurs médiévaux d’Augustin penseurs originaux comme Maxime le Confesseur Farabi Avicenne Thomas d’Aquin Gilles de Rome et Marsile de Padoue tous les courants tous les auteurs étudiés montrent que la concurrence entre des sources religieuses comme la Bible et le Coran philosophiques comme les textes de Platon et d’Aristote et juridiques comme les compilations de Justinien fit de la Méditerranée médiévale une sorte de laboratoire des théories sur la manière la meilleure d’articuler les deux puissances et leurs deux fins spirituelles et temporelles moins distinctes qu’entrelacées. Par là ils nous aident à répondre à cette question : durant les derniers siècles avons-nous assisté à une lente sécularisation du religieux en politique ou bien à un mimétisme et à une concurrence entre les deux glaives?