Aucune parole contre quoi que ce soit n’a jamais d’importance; seuls comptent les mots pour quelque chose de nouveau et qui savent le produire. Tout ce que nous disons de négatif aux autres ne produit rien sinon les diminuer et nous diminuer avec eux. Telle est l’hypothèse éprouvée par variations qui traverse ces pages. Le problème ici analysé est en même temps de nature éducative et révolutionnaire : il questionne la possibilité de l’apprentissage conçu comme transformation de soi par la connaissance échangée qui n’est rien moins que l’essence de la démocratie comme puissance de décider ensemble. À quelles conditions arriverons-nous à dialoguer les uns avec les autres pour ensemble faire mieux? Comment m’adresser aux autres et pourquoi le faire si ce n’est pas pour les augmenter et être augmenté avec eux? Bref comment faire tomber nos armures afin de devenir plus libres et plus forts dans nos gestes communs? Ce livre est une politique du geste d’aimer dont les conséquences épistémologiques sont cruciales : apprendre à aimer un autre comme soi-même c’est continuer d’apprendre auprès de chacun rencontrer ce qui diffère de nous pour ne jamais devenir malgré soi un dominant du savoir.