Le titre même de ce volume sous forme d’interrogation est à comprendre comme un postulat. Il s’explique comme suit : il s’agit de s’interroger sur la pensée philosophique d’Élisabeth tout autant que sur celle de Descartes. La réflexion d’Élisabeth semble en effet posséder une dimension philosophique à deux titres au moins : d’abord parce que la princesse entretient un dialogue philosophique de haute tenue avec un autre philosophe en déployant des arguments pertinents; ensuite parce qu’elle développe peut-être elle-même des thèses qui lui sont personnelles qui seraient des thèses au sens fort et pleinement philosophique du terme et dont l’étude pourrait être affinée par la prise en considération de ses très nombreux autres correspondants.Reste un scrupule : celui de trahir le souhait même d’Élisabeth de cantonner ses échanges intellectuels au plan privé en la propulsant en pleine lumière et en lui faisant endosser une posture philosophique qu’elle a soigneusement évitée de son vivant. Qu’on songe qu’elle voulait que cet échange soit codé! Mais comme le premier « traître » fut Descartes lui-même transmettant les lettres d’Élisabeth à Christine de Suède considérons-nous comme habilités en bons cartésiens à divulguer la pensée de la princesse palatine. C’est à ce prix en effet que nous pourrons redéfinir le rôle de cette dernière dans le cartésianisme déterminer s’il existe une pensée propre d’Élisabeth et enfin si elle existe savoir en quoi elle consiste.