Sur les milliers de lettres que Destutt de Tracy a écrites tout au long de sa vie près de 250 seulement sont parvenues jusqu’à nous. Parmi ses nombreux correspondants on compte notamment ses amis Cabanis Daunou Fauriel Maine de Biran et Mme de Staël ou des hommes politiques comme le président américain Jefferson ou le président argentin Rivadavia. En dépit de ses lacunes cette correspondance est riche d’enseignement dans trois domaines :- La biographie intellectuelle du fondateur de l’Idéologie en permettant à la fois de retracer son itinéraire et la genèse souvent complexe de ses écrits et de pénétrer dans sa « société » : ses intimes comme ses amis et plus largement son réseau de relations au centre duquel se trouve l’Institut national et les assemblées dont il a été membre : la Constituante le Sénat sous l’Empire ou la Chambre des pairs sous la Restauration.- La philosophie en mettant à jour tout ce qui le sépare de Maine de Biran entré en dissidence dès 1802 de Mme de Staël et du groupe de Coppet ou encore de la pensée allemande. Sous la Restauration on peut voir aussi que Destutt de Tracy reste fidèle à lui-même en refusant de se rallier aux Doctrinaires aux Éclectiques ou aux Saint-Simoniens et en attendant beaucoup de jeunes savants physiologistes comme Flourens.- La politique où s’exprime une opposition sans concession aux privilèges aristocratiques et plus encore aux pouvoirs religieux en regard d’un attachement sans faille au régime représentatif et aux libertés individuelles. On peut suivre quasiment à la trace son positionnement par rapport aux différents régimes qui se succèdent depuis 1789 jusqu’à 1830 ainsi que les espérances qu’il place dans les pays neufs l’Amérique de Jefferson et l’Argentine de Rivadavia.