Depuis sa fondation husserlienne l’un des traits les plus singuliers de la phénoménologie est de s’infléchir toujours à nouveau vers elle-même pour se refonder de recommencer pour mieux commencer. Husserl a ainsi fini par se définir comme un « véritable commençant » (wirklichen Anfänger) à défaut d’en avoir été une fois pour toutes un « vrai » (rechten). Pour sa part Merleau-Ponty est revenu avec opiniâtreté sur « l’ombre » de Husserl aussi bien que sur les présupposés conceptuels de ses propres premiers ouvrages. Il en a été de même encore de Michel Henry relativement aux deux précédents et de Jan Patočka dans l’élaboration anti-husserlienne de son « asubjectivisme » d’une part et d’autre part dans sa reprise autocritique cette fois du problème du sens du « monde naturel ». Et que dire de la critique heideggérienne des catégories métaphysiques de Husserl?La doctrine de l’intentionnalité fait ainsi constamment l’épreuve de sa validité. C’est pourquoi « laborieuse comme l’œuvre de Balzac celle de Proust celle de Valéry ou celle de Cézanne » (Merleau-Ponty) elle est en affinité intime avec la création artistique. Ces processus de fondation de refondations et de consonances forment la matière de cet ouvrage.