Dans la Spéculation transcendante sur l’intentionnalité apparente dans le destin de l’individu essai des Parerga Schopenhauer risque l’hypothèse d’un sens métaphysique de la vie de l’individu dont le destin singulier serait conduit par la Volonté de vivre jusqu’au renoncement libérateur. L’idée que l’individu ne serait pas né d’une rencontre fortuite qu’il aurait été voulu comme tel y prend un relief remarquable : elle répond à la préoccupation première secrète inlassable de chacun. Elle inspira au jeune Nietzsche son zèle pour le génie prédestiné. L’importance de l’individu en est magnifiée lui que la Volonté de vivre dirige à son insu à travers bien des misères jusqu’à ce qu’il la reconnaisse comme sienne à l’heure de la mort. Sensible à cette méconnaissance Thomas Mann nota que Freud avait opéré une « traduction » psychologique de la métaphysique de cet essai.Comme la Spéculation De l’Éthique (chapitre VIII des Paralipomena) s’ordonne autour de l’heure suprême où se lève le voile de méconnaissance tandis que s’abolissent le temps et l’espace. L’abnégation de soi-même en faveur d’un autre moi y atteste dans l’expérience de la compassion l’unité transcendante et indestructible de la Volonté. Nous ne finirons pas et Schopenhauer loue les religions d’Extrême-Orient d’avoir soutenu que nous n’avons pas commencé. Cependant la signification morale du monde que De l’Ethique voudrait confirmer contre « la perversité de la pensée » reconduit la perspective judéo-chrétienne malgré l’athéisme de Schopenhauer.