Historiquement l’évaluation et la gestion des risques techniques s’enracine dans les technologies nucléaires. Ce problème de l’énergie reste tout à fait d’actualité mais la question des risques technoscientifiques s’est extraordinairement élargie et diversifiée. A côté des risques physiques (accidents maladies dégradations environnementales…) il y a les risques dits « sociaux » « symboliques » « politiques » parmi lesquels s’est peu à peu imposée la question de la perception des risques. Dans une société démocratique à économie de marché cette dernière question est tout à fait centrale. Tous les philosophes ne conçoivent ni n’évaluent les risques de la même manière. Par exemple Hans Jonas voit dans l’éventualité d’interventions génétiques dites « mélioratives » ou « eugéniques » un risque d’atteinte à « l’image de l’homme » : un danger de nature métaphysique quasi théologique. Jürgen Habermas y lit un risque transcendantal qui affecte les conditions de possibilité du devenir humain. Francis Fukuyama y perçoit un risque avant tout politique de destruction de la démocratie libérale. Tristram Engelhardt à partir d’une vision générale postmoderne estime que des interventions génétiques prudentes doivent être laissées à l’initiative des individus et des communautés. D’autres philosophes anglo-saxons partent d’une philosophie plus empiriste et utilitariste qui enjoint d’analyser les risques plus prosaïquement comme des éventualités dont il s’agit de peser les coûts et les avantages.