L’expression « philosophie de la technique » est née avec ce livre en 1877. Il s’agit pour Ernst Kapp d’une philosophie de la hache du marteau de la vis et de la machine à vapeur. Georges Canguilhem y voyait l’une des premières tentatives pour constituer une philosophie biologique de la technique c’est-à-dire pour penser les outils et les machines en tant que prolongement et extériorisation de l’activité des corps vivants : « Cet ouvrage classique en Allemagne est à ce point méconnu en France que certains des psychologues qui ont repris à partir des études de Köhler et de Guillaume le problème de l’utilisation des outils par les animaux et de l’intelligence animale attribuent cette théorie de la projection à Espinas lui-même sans savoir qu’Espinas déclare très explicitement à plusieurs reprises qu’il l’emprunte à Kapp. Selon la théorie de la projection dont les fondements philosophiques remontent à travers von Hartmann et La Philosophie de l’Inconscient jusqu’à Schopenhauer les premiers outils ne sont que le prolongement des organes humains en mouvement. Le silex la massue le levier prolongent et étendent le mouvement organique de percussion du bras. (…) Ce que les Allemands ont constitué par la voie philosophique (…) nous le voyons repris et autant qu’on peut savoir sans dérivation directe par Leroi-Gourhan dans son livre Milieu et Techniques »