Le présent volume consacré à la notion de bonheur s’ouvre par les contributions de J.-F. Balaudé sur Platon et Aristote et d’A. Gigandet sur Epicure qui mettent en avant la distinction entre le bonheur et le plaisir. La question déjà posée dans l’Antiquité de savoir si le bonheur est réservé au sage est reposée par Spinoza. On n’y répond qu’en procédant comme le fait C. Ramond à une analyse précise de ce qui distingue le bonheur de la béatitude de la félicité et de la joie. Cette distinction est reprise sous la forme d’une opposition entre le bonheur singulier et le bonheur universel chez Rousseau – comme le montre L. Vincenti – et chez Kant dont la conception du bonheur a trop longtemps souffert de malentendus que la contribution de B. Himmelmann vient heureusement lever. Que la notion de bonheur mette aussi en jeu les différentes positions ontologiques possibles au sein des philosophies post-kantiennes cela ressort des réflexions de J.-Chr. Goddard sur “l’être comme angoisse (Schelling) ou l’être comme bonheur (Fichte)” d’E. Cattin qui oppose les conceptions de la sérénité de Hegel et de Heidegger et de F. Fischbach qui traite du rapport entre le bonheur et l’agir chez Marx. L’ouvrage s’achève sur une importante étude du bonheur chez les utilitaristes dans laquelle J.-P. Cléro fait apparaître que la théorie du bonheur et du plaisir est notamment chez Bentham solidaire d’une théorie du langage.