Dans une lettre fort célèbre adressée à Marin Mersenne le 4 mars 1641 René Descartes dit de Thomas Hobbes l’« Anglois » : « je crois que le meilleur est que je n’ai point du tout de commerce avec lui et pour cette fin que je m’abstienne de lui répondre; car s’il est de l’humeur que je le juge nous ne saurions guère conférer ensemble sans devenir ennemis ». Quant à Hobbes selon le témoignage de John Aubrey il avait apparemment coutume de dire que Descartes « s’il s’en était tenu à la géométrie aurait été le meilleur géomètre du monde mais sa tête n’est pas faite pour la philosophie ». Pourquoi alors « Hobbes Descartes et la métaphysique ». En réalité l’opposition entre Hobbes et Descartes concerne peut-être – c’est du moins l’hypothèque que ce livre envisage et tente d’explorer – la façon dont le philosophe anglais a cherché à constiture avec et contre Descarte un privilège de la physica au sein de la philosophia prima. D’où la nécessité de reprendre à nouveau frais les enjeux du débat qui fit s’affronter Hobbes et Descartes autrement que sous la seule forme de l’injure et de l’attaque ad hominem. D’où également la nécessité de s’interroger sur les liens qui rattachent peut-être la philosophie première de Hobbes au « système de la métaphysique » tel que ce dernier s’est progressivement constitué au XVIIe siècle avec l’élaboration de l’ontologia.