Après une longue éclipse l’œuvre de Tocqueville s’est imposée ces dernières décennies comme une référence centrale dans la pensée française contemporaine. Tout se passe comme si après l’hégémonie du marxisme la pensée de Tocqueville était devenue le nouvel « horizon indépassable » de notre temps. Cependant les raisons de ce retour de Tocqueville demeurent obscures : quant il n’est pas réduit à un discours idéologique le renouveau tocquevillien français est souvent assimilé à une simple entreprise de « restauration » du libéralisme classique. Contre ces simplifications ce livre fait ressortir les étapes qui ont conduit à la redécouverte de Tocqueville et explore les enjeux philosophiques de ces déplacements. Tous en montrant le rôle capital joué par R. Aron on examine comment dès la première moitié du XXe siècle la problématique tocquevillienne a été mobilisée dans le cadre d’une critique de la modernité ou au contraire dans la perspective d’une légitimation des idéaux démocratiques centrée sur la dynamique égalitaire. Enfin les présupposés du courant « néo-tocquevillien » accordant une place capitale à la thématiqure de l’individu sont portés au jour et discutés en prenant pour fil conducteur d’autres lectures de Tocqueville issues notamment de la phénoménologie.