L’antique question des rapports de l’âme et du corps a été profondément renouvelée avec Descartes tellement que souvent la solution dualiste qu’il lui a donnée est présentée comme un édifice métaphysique se suffisant à lui-même. C’est oublier qu’elle s’inscrit dans un mouvement inauguré par l’émergence de la science nouvelle et le rejet de la vision scolastique de la nature. Ce mouvement qui en France se développe en une tradition vigoureuse avant d’être supplanté par le kantisme et l’idéalisme allemand vers le milieu du XIXe siècle suscite après Descartes le développement de la biologie qui se détache de la physique mécanicienne en s’y opposant puis de la psychologie. Or ces sciences induisent deux autres conceptions des rapports psychophysiques : le matérialisme avec Diderot et un dualisme renouvelé tendant vers un monisme spiritualiste avec Maine de Biran ce qui indique à quel point la thèse de l’influence réelle devient difficile à articuler pour qui admet la vérité de la science nouvelle.