Que la royauté soit un objet de réflexion philosophique ne va pas de soi. Il est tout d’abord douteux qu’il y ait une essence simple de la royauté. Les idées les légitimations et les réalités de la royauté sont multiples et diverses. Il n’y a en effet rien de commun entre l’actuel roi de Suède et Philippe le Bel ou entre Ivan le Terrible et Louis XVIII. Aucune de ces royautés ne correspond à une même idéologie ni à une même réalité sociale ou politique.De là un certain flou qui affecte l’idée de royauté. Cette obscurité tient peut-être avant tout à ce que le phénomène de la royauté lui-même ne semble plus constituer un objet essentiel de la réflexion politique. C’est que l’époque contemporaine a connu l’avènement et le triomphe de deux principes dont la combinaison définit idéalement la démocratie moderne : le principe démocratique qui affirme l’égalité des hommes et la souveraineté du peuple et le principe libéral qui affirme l’inaliénabilité des droits et des libertés individuelles.