Peu de mots auront eu une fortune aussi extraordinaire que celui de baroque. D'abord adjectif dépréciatif quasi synonyme d'irrégulier de bizarre voire de laid il en est venu à désigner à partir de la fin du XIXᵉ siècle un style ou une période de l'histoire de l'art celle qui s'étend pour simplifier de la Renaissance aux Lumières. Le présent essai se propose d'en reprendre l'histoire d'en analyser autant que faire se peut les étapes les significations et les enjeux. La déconstruction d'un tel "monstre" est en soi instructive. Elle permet de rencontrer nombre d'historiens d'historiens de l'art et d'esthéticiens illustres ou moins connus. Elle montre que la question ouverte avec les Burckhardt les Wölfflin et les Riegl n'a cessé d'être reprise et enrichie par leurs successeurs. Même limité aux arts visuels le prétendu concept de baroque continue de séduire. Étendu à toute une culture voire à certaines tendances que l'on se plaît à penser éternelles et universelles de l'esprit créateur il finit par n'avoir plus guère de sens. Sous les dehors d'une grande promenade à travers les arts et le temps cet ouvrage pose donc la triple question de la nécessité de la validité et du danger des étiquettes en histoire de l'art.