"L'un est né roi l'autre laquais. Un parallèle entre la vie de Louis XV et celle de Damiens permet de mieux discerner les phénomènes sociaux du XVIIIᵉ siècle. Les historiens ne consacrent que quelques pages à Damiens ce qui peut sembler surprenant car sous un
aspect falot se dissimule un personnage considérable. Un laquais vit dans l'intimité de ses maîtres voit des fortunes se faire ou se défaire et selon est comblé ou souffre-douleur esclave ou favori. Robert-François Damiens a connu tous les degrés de la servitude : du rôle de laquais ornement d'antichambre qui doit partager le lit de sa maîtresse jusqu'à l'état de grison le plus avilissant dans la hiérarchie domestique. À l'aide de documents indiscutables longtemps détournés et récemment retrouvés nous démontrons que ce simple
laquais ne fut qu'un instrument. Ces pièces pour la plupart inédites expliquent les motivations de Damiens et son acte criminel dont en fait la responsabilité incombe à de puissantes personnalités politiques proches du roi et de Mme de Pompadour. Pour ce coup de canif Damiens sera condamné au plus atroce supplice de tous les temps par l'arrêt le plus inéquitable et le plus barbare de l'Histoire. En outre son souvenir devra disparaître son nom sera effacé de la mémoire des hommes sa maison natale sera brûlée et sa famille exilée
portant sur le front la tache du crime de celui qui est né dans son sein. C'est la malédiction primitive l'exorcisme qui effacera l'acte. Sur la place de Grève en ce lundi 28 mars 1757 aucun de ses juges aucun de ses tortionnaires ne peut pressentir que le geste de Damiens est l'amorce d'un mouvement de révolte qui ira grandissant et atteindra tout l'Occident après avoir éclaté à Paris le 14 juillet 1789." Jacques Delaye.