Quoi de plus pur qu'un ciel d'été quand le monde ne semble qu'une promesse de bonheur ? Dans L'éclipse c'est pourtant à la progressive corruption de cette pureté que nous assistons. Lentement sous les yeux d'un narrateur fasciné la nuit s'avance dans le jour la mémoire occupe un lieu qui semblait hors d'atteinte. Une maison au bord de la mer un jardin rongé d'humidité un paysage aride et secret mais aussi ce qui semble vouloir échapper au regard - insectes lézards méduses - deviennent tout au long de ce récit les protagonistes d'un drame intérieur. La lenteur des heures les souvenirs pervertis l'évocation des morts ne sont là eux aussi que
pour conduire ce drame à sa fin. En s'adressant tour à tour à sa propre mémoire et à la jeune femme qui l'accompagne dans cet étrange périple le narrateur apprendra donc à remonter le temps. Il deviendra lucidement mais le souffle coupé le spectateur d'un théâtre d'ombres.