"Murène est appelée car elle fait maints cercles. De quoi les pêcheurs disent qu'elles ne peuvent être que femelles et qu'elle conçoit du serpent" (Littré). La murène serait-elle un monstre ? Mais n'est-on pas toujours la murène de quelqu'un ? Mila a dix-sept ans un nom imprononçable - "c'est le nom de ma mère" - des "paters" qui se succèdent lui laissant par-ci par-là un demi-frère en souvenir. Elle a aussi des "ailes" suspectes qui lui ont valu d'être expédiée dans une maison de santé dont elle devrait ressortir "conforme". En attendant que les ailes tombent qu'est-ce qu'on peut faire à dix-sept ans si ce n'est se découvrir amoureuse ? Mais là encore la "conformité" ne semble pas inscrite dans la nature de Mila : l'objet de son amour Paule une monitrice n'a pas plus de piédestal que les refrains de Josette l'amie la complice n'ont la couleur de l'eau de rose. Roman en six volets annoncés par d'ironiques têtes de
chapitres reconstituant les étapes d'un parcours vieux comme le monde et pourtant toujours neuf : le rendez-vous qu'on ne peut manquer qu'on manque toujours au moins un peu avec l'amour avec soi-même avec la vie. Mais la réalité est aussi ailleurs débusquée au-delà des apparences par le regard sans concession de l'héroïne dans le raccord instantané du passé à l'avenir du sérieux à la provocation du drame au canular... Alchimie tragi-cocasse propre aux adolescentes qui se savent au confluent de l'enfance et de la "vraie vie".