Mme d'Épinay maîtresse de Grimm amie et protectrice de Jean-Jacques Rousseau (puis en froid avec lui) liée avec Diderot est l'une des figures centrales de la vie littéraire française du XVIIIᵉ siècle. Vers 1756 elle entreprit de raconter sa vie sous forme d'un roman par lettres "dans le goût de la Nouvelle Héloïse". Ce roman devint l'Histoire de Madame de Montbrillant. C'est évidemment un ouvrage à clefs : M. de Montbrillant est M. d'Épinay ; Lange M. d'Houdetot ; Dulaurier Saint-Lambert ; Desbarres Duclos ;
René Jean-Jacques Rousseau ; Garnier Diderot ; et Volx Grimm. Le manuscrit ne parut pas du vivant de Mme d'Épinay ; elle le légua à sa mort en 1783 à Grimm qui se garda de le publier. Lui-même aidé de Diderot ne s'était pas fait faute d'influencer la rédactrice dans la peinture des personnages. C'est à eux qu'on doit les traits odieux dont fourmille le caractère de René (Rousseau) - qu'il détestait. Les variantes et corrections témoignent que Mme d'Épinay avait montré plus d' impartialité en n'écoutant que ses propres souvenirs. Au XIXᵉ siècle on a publié de prétendus Mémoires de Madame d'Épinay version tronquée et falsifiée de l'oeuvre que nous éditons pour la première fois intégralement sous sa forme primitive. L'Histoire de Madame de Montbrillant est en soi un récit des plus attachants. C'est aussi un précieux document de l'histoire littéraire que nous devons aux soins de M. Georges Roth : ce dernier a étudié tous les documents relatifs à cette "affaire" et comparé les textes imprimés des éditions antérieures aux textes manuscrits conservés dans des bibliothèques de Paris. Le résultat de ses recherches est consigné dans l'introduction et les notes.