Faute de pouvoir soigner les maladies la médecine du XIXᵉ siècle s'est employée à les prévenir. D'où le rôle central qu'y joue l'hygiène publique. Se donnant pour mission de supprimer les foyers d'infection qui minent la société elle s'étend à tous les domaines : égouts et voiries orientation et hauteur des bâtiments alimentation et travail pollution industrielle et urbaine prisons casernes hôpitaux mais aussi prostitution alcoolisme crimes suicides etc. Les préconisations des hygiénistes sont toujours les mêmes : faire circuler l'air et l'eau désinfecter vacciner. Mais ces avis ne sont pas toujours suivis d'effets. Dans nombre de pays européens la vaccination et la revaccination sont obligatoires. En France non. D'où ces deux paradoxes : qu'un pays qui a créé le mouvement d'hygiène publique moderne soit si lent à en appliquer les mesures ; que dans ce même pays synonyme de centralisation et d'État fort le gouvernement joue un rôle si limité dans la santé publique. À la fin du siècle les médecins finissent par se faire élire eux-mêmes au Parlement afin de faire voter une législation sanitaire. Mais pour imposer les contraintes de santé publique il leur faut abandonner l'idéologie libérale et en construire une autre le solidarisme. La législation perdurera pas l'idéologie. Aujourd'hui les politiques de santé publique appliquées en France et en Angleterre sont diamétralement opposées : libérale chez nous étatique là-bas contrairement à toute attente.