Né à Los Angeles en 1957 et prématurément disparu en 1999 David Seidner a laissé une oeuvre aux registres multiples encore largement méconnue. Dès ses débuts - il avait dix-huit ans lorsqu'il exposa pour la première fois - ses séries personnelles jouent de l'image du corps et du visage à travers des processus de fragmentation de découpage de glissement de diffraction et de condensation qui provoquent un sentiment proche de ce que Freud nommait "inquiétante étrangeté". Collaborateur des revues les plus prestigieuses de Vogue Italie à Harper's and Queen et Vanity Fair il assura durant plusieurs saisons les campagnes photographiques de la maison Yves Saint Laurent. Les deux livres qu'il se vit confier par le Musée des Arts décoratifs - Moments de mode et Le Théâtre de la mode - sont aujourd'hui ardemment recherchés ; ils prennent place auprès d'Artists' Studios sans doute son ouvrage majeur où sont rassemblés les portraits tant photographiques que littéraires qu'il mit plusieurs années - et toute son énergie - à recueillir établissant à sa manière une petite histoire de l'art contemporain. Articulées autour de différents thèmes - corps fragmentés nus portraits ainsi qu'une ultime et éblouissante séquence d'orchidées - les oeuvres ici présentées allient le souci formel le plus extrême à la sensualité la plus raffinée tout en restant soumises à ce qui fut peut-être le principe directeur de son approche : l'ouverture aux puissances créatrices du hasard de l'aléa et du changement. Cet ouvrage publié à l'occasion de l'exposition "David Seidner" présentée à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent du 2 octobre 2008 au 29 janvier 2009 est le premier à remettre en lumière la force d'une oeuvre que diverses circonstances ont quelque peu maintenue dans l'ombre depuis la mort du photographe.