Pour la seconde fois depuis 1945 la société française vit une sorte de révolution. Mais alors que dans le profond remodelage des Trente Glorieuses se déployait une modernisation dont les champs de force étaient clairement dessinés la mutation actuelle déstabilise parce qu'elle apparaît éclatée et sans issue nettement perceptible.En contrepoint des grandes transformations économiques et institutionnelles Pierre Veltz décrit ici ce basculement comme l'apparition d'un nouvel univers industriel. En s'attachant à ce qu'il appelle les "formes élémentaires" de la vie économique : nouvelles manières de travailler de produire d'innover d'échanger. Ni la vague technologique ni la diffusion du nouvel esprit néo-libéral ne suffisent à rendre compte de ces changements qui entrent en résonance avec de multiples facettes de la vie sociale au travail comme dans les autres sphères de l'existence. Il s'agit bien de l'émergence d'un monde différent : un nouvel univers non seulement technique mais moral qui engendre une énorme anxiété mais qui rencontre aussi des aspirations fondamentales de l'individualisme moderne tels l'exigence d'autonomie et le désir de limitation des engagements. Une postface inédite revisite ces analyses avec huit ans de recul pour les ajuster et les étayer plus encore.