C’est l’histoire de jeunes gens venus voir une vieille femme aveugle et sage descen- dante d’esclave noire et américaine et d’un oiseau dont elle ne sait si il est vivant ou mort. La femme représente l’écrivaine l’oiseau les mots ; cette allégorie permet à Toni Morrison de déployer avec une rare poésie l’idée qui traverse toute son œuvre : nous sommes tous individuellement et collectivement responsables de notre relation à l’autre à travers ce qui nous lie indéfectiblement : le langage. Que l’on laisse vivre la langue ou que l’on la laisse mourir « de négligence d’obsolescence d’indifférence et d’un manque de considération ou par décret » nous « devrons tous en répondre » écrit-elle.
Un texte qui résonne bruyamment dans notre présent moment historique où chacun de nous doit faire des choix de société et personnels essentiels pour l’avenir de la planète et de tous ses habitants.
Nous sommes mortels. C’est peut-être cela le sens de la vie.
Mais nous générons du langage. C’est peut-être cela la mesure de notre existence.