Le 27 février 1945 Avrom Sutzkever témoignait devant le tribunal de Nuremberg des atrocités commises par les nazis dans le ghetto de Wilno. Son témoignage capital entrera dans l'histoire tant la parole des victimes fut rare lors du procès. C'est dire l'importance que revêt le récit qu'il a laissé de sa vie quotidienne entre 1941 et 1944. Jeune poète il décrit dans ce texte l'horreur et la mort comme faisant partie de l'ordinaire avec la volonté de restituer la sincérité du témoin tout en gardant le recul d'un observateur neutre. Avrom Sutzkever donne notamment à voir les tentatives désespérées d'une poignée de résistants pour sauvegarder les trésors de la Jérusalem de Lituanie tandis que subsiste au sein du ghetto une vie culturelle foisonnante mais clandestine ultime rempart devant la barbarie. Chef-d'oeuvre oublié de la littérature yiddish et document historique de première importance Le Ghetto de Wilno mêle une écriture de l'immédiateté guidée par l'urgence de raconter à l'évocation sensible et dramatique d'un
monde plongé dans l'abîme.